Joubba, les robes portées par les citoyens de rang élevé en Andalousie musulmane
Tout comme la Keswa el Kebira est la robe de cérémonie des femmes juives du Maroc Occidental, la Joubba (Djubba, Jubba, Djebba, Jebba) est la robe de cérémonie des femmes juives du Maroc Oriental et de l'Algérie.
La Joubba, au Maroc et en l'Algérie, est une longue robe sans manches, découpée dans du velours, du brocard, du coton ou de la soie. Elle est généralement brodée sur la poitrine.
Les textes arabes nous apprennent que ces robes étaient fabriquées de longue date à Cordoue en de somptueuses étoffes aux brillants coloris, à Murcie et surtout à Jaen, célèbres pour leurs tissus de soie.
Les dames de la cour d'Alphonse X sont enveloppées dans une djubba flottante de soie grise ou rose dont le col et les manches sont garnis de galons ou encore dans une large et fine tunique (kamis) de gaze transparente, brodée de fils d'or.
Références : Rachel Arié. Études sur la civilisation de l'Espagne musulmane. 1990. Journal asiatique, volumes 3 à 4. 1914. https://books.google.co.ma/books?id=vUNKAQAAMAAJ
Quel drôle de nom pour un bijou, se dit-on lorsqu'on lit «collier barbu». Le collier barbu n'est rien d'autre qu'une chaîne torsadée avec un pendentif à pendants. Krafach Boulahya (collier barbu), du mot français «cravache», si populaire au Maghreb, n'est rien d'autre qu'un bijou français de fabrication lyonnaise.
Popularisé dans les pays du Maghreb au début du XXème siècle, ce bijou est si ancré dans la tradition maghrébine que l'on penserait facilement qu'il s'agit d'un bijou local.
Au Maroc, ce bijou est passé de mode dans les années 70, mis à part dans les villes de l'Oriental. Dans l'Ouest du Maroc, «Sensla delahya» (collier à barbe) était utilisé comme collier mais surtout comme remonte-manches «tekhmal».
Aujourd'hui, au Maroc, ce bijou est très peu fabriqué localement, et les pièces anciennes et originales sont estampillées « Lyon. R. Cockey ».
En campagne, le haïk de la femme Jeblie s'appelle Guidwar. Il est blanc, en laine légère.
Le guidwar se porte en passant le tissu derrière le dos dans le sens de la longueur. Ensuite, la femme prend chaque extrémité dans une main et place les deux extrémités sur sa tête, une extrémité étant par-dessus l'autre. L'expression utilisée pour désigner cette tâche, en dialecte jebli, est lath radded. Le haïk tient alors tout seul et la femme a les mains libres pour s'adonner aux tâches extérieures quotidiennes (vendre dans le souk, acheter). Son visage est toujours découvert, sauf parfois par coquetterie quand elle passe devant des hommes ou quand elle ne veut pas qu'on la reconnaisse.
Les larges ceintures en soie de Fès font appel une technique de tissage dite « draz », arrivée d'Orient, au Moyen-Âge. D'après les études faites sur le sujet et les écrits des historiens, Fès était l'unique cité au Maroc et, plus généralement en Afrique du Nord, où étaient installés des ateliers de tissage de brocarts, depuis l'époque mérinide jusqu'au début du XXe siècle. En effet, à l'époque mérinide, les chroniqueurs rapportent que l'on tissait à Fès des vêtements et ceintures de soie ornés de fils d'or. Les métiers à la tire ont donc fait de la ville un centre de tissage de la soie majeure durant des siècles. Au XIIIe siècle, la cité comptait plus de 3000 métiers à tisser. Au siècle suivant, elle abritait un marché de la soie. Mais au début du XXe siècle, la tradition s’étiola peu à peu jusqu’à sombrer définitivement dans l’oubli.
http://www.cmooa.com/ceintures
Toutefois, les ceintures de brocart tissées à l'époque mérinide ne seraient pas celles que l'on connaît aujourd'hui. En effet, le modèle actuelest apparu au début du XVIIe siècle. Les ceintures de brocart, confectionnées par les artisans fassis, étaient de très grand prestige et coûtaient beaucoup plus cher au moment de leur production que de nos jours. Il fallait parfois en effet plus de 6 mois à un artisan chevronné pour en réaliser une seule.
Jeunes femmes de Tanger, portant les larges ceintures de Fès. 1880.
La taille est en général de 30 à 70 cm de largeur et 3 à 6 mètres de longeur. Elles font plusieurs fois le tour de la taille et sont formées de quatre rectangles de couleurs et motifs différents.Il existe une très grande variété dans les modèles de ceintures de mariage de Fès. Les pièces les plus prestigieuses remontent aux XVIIe et XVIIIe siècle.
Mariée de Fès portant un voile en brocart
Ces ceintures étaient portées par les bourgeoises de Fès et de Tétouan sur leurs caftans, particulièrement lors des mariages. On en exportait également en petit nombre à Rabat et à Tanger. Elles servaient tant de pièces d'apparât que de corset. Ce n’est que beaucoup plus tard que le brocard a commencé à servir pour la réalisation des caftans et des voiles des mariées fassies.
Attilio Gaudio. Fès : joyau de la civlisation islamique, 1982.
Golvin, L., “Les métiers à la tire des fabricants de brocarts de Fès”, Hespéris, 1950, 1er et 2e trim., pp. 37-48.
Vogel, L., Soieries marocaines, les ceintures de Fès, Paris, 1920. http://www.comptoir-maroc.com/dar-al-tiraz-soieries-fes/ Pierre Champion. Le Maroc et ses villes d'art: Tanger, Fès, Meknès, Rabat et Marrakech, 1931.
Naima El Khatib-Boujibar "Ceinture" dans Discover Islamic Art. Museum With No Frontiers, 2017.
Le haïk est un drapé porté au Maroc, autant par les hommes que par les femmes. Toutefois, nous nous concentrerons aujourd'hui sur le haïk féminin. Cet art du drapé remonte à la plus lointaine Antiquité et est un héritage culturel et social présent dans tout le sud du bassin méditerranéen. Dans certaines régions du Maroc, la femme enroule le haïk autour de son corps à la manière du peplos grec, avant qu'elle ne ramène le bout sur sa tête, ce qui appuye la thèse de l'origine antique du vêtement.
Le mot haïk découle du verbe "haka", dont la racine veut dire se cacher, s’envelopper, se protéger du regard de l’étranger. En effet, pour la femme marocaine, le haïk a toujours été symbole de pudeur et était le vêtement d'extérieur par excellence. Toutefois, le haïk est en voie de disparition. Mis à part quelques femmes qui le portent encore dans les villes de Chefchaouen, Essaouira ou Figuig, ce vêtement a disparu du paysage.
Le tissage du haïk
Le Maroc, pays du savoir-faire artisanal par excellence, a toujours su se démarquer par ses tissages de qualité. Par ailleurs, la diversité des matériaux utilisés pour fabriquer les haïks est étonnante (soie, lainage épais, lainage fin, coton etc.).
Les haïks et les régions du Maroc
La couleur et le drapé du haïk diffère de région en région. Tous les haïks des citadines marocaines sont blancs, rarement traversés d'une bande bleue ou rouge. Seul le haïk noir de Rissani (dans le Tafilalet) et de Taroudant (dans la région du Souss, où il est appelé tamelhaft et a été de nos jours, remplacé par un haïk bleu), fait exception.
Dans les prochaines publications, je parlerai des variétés de haïks marocains.
Référence :
Frédéric Damgaard (2008) Tapis et tissages : l'art des femmes berbères du Maroc. Eddif.