vendredi 10 novembre 2017

Le haïk de la Jeblia


Le haïk au pays des Jbalas (Nord-Ouest du Maroc)


En campagne, le haïk de la femme Jeblie s'appelle Guidwar. Il est blanc, en laine légère. 


Le guidwar se porte en passant le tissu derrière le dos dans le sens de la longueur. Ensuite, la femme prend chaque extrémité dans une main et place les deux extrémités sur sa tête, une extrémité étant par-dessus l'autre. L'expression utilisée pour désigner cette tâche, en dialecte jebli, est lath radded. Le haïk tient alors tout seul et la femme a les mains libres pour s'adonner aux tâches extérieures quotidiennes (vendre dans le souk, acheter). Son visage est toujours découvert, sauf parfois par coquetterie quand elle passe devant des hommes ou quand elle ne veut pas qu'on la reconnaisse.




mardi 28 février 2017

Ceintures en soie de Fès



Fragment d'une ceinture en soie de Fès

Les larges ceintures en soie de Fès font appel une technique de tissage dite « draz », arrivée d'Orient, au Moyen-ÂgeD'après les études faites sur le sujet et les écrits des historiens, Fès était l'unique cité au Maroc et, plus généralement en Afrique du Nord, où étaient installés des ateliers de tissage de brocarts, depuis l'époque mérinide jusqu'au début du XXe siècle. En effet, à l'époque mérinide, les chroniqueurs rapportent que l'on tissait à Fès des vêtements et ceintures de soie ornés de fils d'or. Les métiers à la tire ont donc fait de la ville un centre de tissage de la soie majeure durant des siècles. Au XIIIe siècle, la cité comptait plus de 3000 métiers à tisser. Au siècle suivant, elle abritait un marché de la soie. Mais au début du XXe siècle, la tradition s’étiola peu à peu jusqu’à sombrer définitivement dans l’oubli.


http://www.cmooa.com/ceintures

Toutefois, les ceintures de brocart tissées à l'époque mérinide ne seraient pas celles que l'on connaît aujourd'hui. En effet, le modèle actuel est apparu au début du XVIIe siècle. Les ceintures de brocart, confectionnées par les artisans fassis, étaient de très grand prestige et coûtaient beaucoup plus cher au moment de leur production que de nos jours. Il fallait parfois en effet plus de 6 mois à un artisan chevronné pour en réaliser une seule. 


Jeunes femmes de Tanger, portant les larges ceintures de Fès. 1880.

La taille est en général de 30 à 70 cm de largeur et 3 à 6 mètres de longeur. Elles font plusieurs fois le tour de la taille et sont formées de quatre rectangles de couleurs et motifs différents. Il existe une très grande variété dans les modèles de ceintures de mariage de Fès. Les pièces les plus prestigieuses remontent aux XVIIe et XVIIIe siècle. 

Mariée de Fès portant un voile en brocart

Ces ceintures étaient portées par les bourgeoises de Fès et de Tétouan sur leurs caftans, particulièrement lors des mariages. On en exportait également en petit nombre à Rabat et à Tanger. Elles servaient tant de pièces d'apparât que de corsetCe n’est que beaucoup plus tard que le brocard a commencé à servir pour la réalisation des caftans et des voiles des mariées fassies.





Attilio Gaudio. Fès : joyau de la civlisation islamique, 1982.
Golvin, L., “Les métiers à la tire des fabricants de brocarts de Fès”, Hespéris, 19501er et 2e trim., pp. 37-48.
Vogel, L., Soieries marocaines, les ceintures de Fès, Paris, 1920.
http://www.comptoir-maroc.com/dar-al-tiraz-soieries-fes/
Pierre Champion. Le Maroc et ses villes d'art: Tanger, Fès, Meknès, Rabat et Marrakech, 1931.

Naima El Khatib-Boujibar "Ceinture" dans Discover Islamic Art. Museum With No Frontiers, 2017.
http://encheres.lefigaro.fr/catalogues-ventes-encheres/Artcurial/A-Moroccan-Passion-br-Pierre-Berge-Yves-Saint-Laurent-Collection-br-Sale-to-Benefit-the-Jardin-Majorelle-Foundation/CEINTURE-DE-FEMME-HZAM,-FES,-20E-SIECLE_lot_6A44F8FA0D/